22’000 signatures en faveur des chalets de la rive sud

Grande CariçaieDeux pétitions en faveur du maintien des cabanes ont été déposées auprès des Grands Conseils vaudois et fribourgeois.

(Source 24h du 10 octobre 2018)

C’est un épisode de plus dans un feuilleton vieux de trente ans. Mardi après-midi, l’Association des riverains de la rive sud du lac de Neuchâtel (ARSUD) a remis une pétition munie de 10’518 signatures au Grand Conseil vaudois. Un peu plus tôt, ce sont 11’342 autres paraphes qui étaient déposés auprès du parlement fribourgeois. Objectif: sauver les 184 chalets menacés de destruction car situés dans les réserves naturelles au sud du plan d’eau.

«Nous demandons aux députés de se saisir du dossier, de procéder à une nouvelle pesée d’intérêts ou, au moins, de mener un débat démocratique», réclame Julien Spacio, le vice-président de l’ARSUD.

Alors que le maintien des cabanes avait été validé par des contrats nature il y a 25 ans, les gouvernements cantonaux souhaitent désormais leur démantèlement. Pour cela, Vaud envisage de les exclure de sa prochaine mise à jour des périmètres des réserves naturelles. «C’est un mode de fonctionnement qui permettrait au dossier de passer entre les gouttes sans aller devant le Grand Conseil alors qu’il mérite un vrai débat politique, prévient Jacques Piller, de l’ARSUD. Des rumeurs circulent, par exemple, qu’un tribunal a décidé de leur destruction, mais c’est complètement faux.»

Rôle de «concierges»

Pour l’Association, les chalets (dont certains sont centenaires) font non seulement partie du paysage mais, surtout, ils le préservent. «Nous sommes en quelque sorte les «concierges» de la Grande Cariçaie. Les enrochements, construits à nos frais pour éviter l’avancée du lac, et l’action des machines qui fauchent les roseaux et débroussaillent la lisière de forêt sont indispensables pour maintenir une zone marécageuse», argumente Julien Spacio.

Selon l’ARSUD, la destruction des chalets impliquerait de coûteux investissements, sans garantie de résultats, pour préserver la surface actuelle de la réserve. «En parallèle, la région perdrait un apport économique, puisque les propriétaires paient des taxes, consomment dans les communes…», ajoute Jacques Piller.

Alors que les riverains parlent d’une «remarquable preuve de cohabitation homme-nature», les associations environnementales ne semblent pas emballées. L’ARSUD indique en avoir contacté plusieurs, sans que ces dernières n’acceptent une rencontre.

Qu’en pense le gestionnaire du site, à savoir l’Association de la Grande Cariçaie? «Nous sommes neutres dans cette procédure entre les Cantons et les propriétaires, mais nous avons été consultés par les autorités, souligne le directeur, Michel Baudraz. Nous ne pouvons nier que les chalets ont un impact négatif sur la faune et la flore. Il peut y avoir un débat politique sur la gravité de cet impact, mais scientifiquement il y a une atteinte aux espèces et aux milieux de la réserve naturelle.»

Pro Natura Vaud abonde. «Dans un tel site, chaque mètre carré compte. Or, les rives sont artificielles où les chalets sont implantés, ce qui empêche la biodiversité de s’exprimer, regrette le secrétaire général Michel Bongard. Nous espérons que le Conseil d’État assumera et trouvera une solution pratique. C’est un dossier difficile, mais là ça n’avance pas.»